Question écrite régionale du 6 décembre 1999 sur le devenir de la forêt de Fontainebleau

CONSEIL REGIONAL ILE DE FRANCE

QUESTION ÉCRITE QE1999-045 du 15 octobre 1999
SUR LE DEVENIR DE LA FORET DE FONTAINEBLEAU

de M. Jean-Yves Le Gallou, Conseiller régional d’Ile-de-France
à M. Jean-Paul Huchon,
Président du Conseil régional d’Ile-de-France

La forêt de Fontainebleau, d’ores et déjà classée « réserve de biosphère » par l’UNESC0, est actuellement au coeur d’une polémique quant à l’évolution de son statut.
Le Groupe de Réflexion sur l’Avenir de la Forêt de Fontainebleau (GRAFF), qui rassemble des scientifiques, des représentants de collectivités locales, d’associations de protection de la nature et d’usagers, a récemment remis un rapport au ministre de l’Environnement afin d’orienter le choix définitif du statut à appliquer au massif bellifontain.
Les statuts envisagés actuellement sont au nombre de quatre :
- Les 3 premiers (Forêt de protection, Parc national ou Réserve nationale de biosphère) présentent certains avantages, mais un inconvénient majeur : ils sont axés sur une protection drastique de la faune et de la flore, au détriment de toute activité humaine, y compris de loisirs, au risque de geler tout à fait artificiellement des espaces entiers qui n’auraient plus de « naturels » que le nom. C’est en cela que l’extrémisme écologiste discrédite et s’oppose en fait au juste combat en faveur de la défense denotre environnement.
- Le dernier projet (Conservatoire périurbain de la nature) présente en revanche
l’avantage d’associer en toute transparence à la fois les élus des différentes
collectivités locales concernées (communes mais également Région) et les
représentants des associations d’usagers, ces véritables « passionnés » qui font vivre
la nature en la respectant, au même titre que les chasseurs, ailleurs, contribuent à la
sauvegarde du milieu naturel (ce qui implique bien évidemment qu’il s’agisse
d’activités « propres » : randonnée, escalade, VTT.. .).
M. Jean-Yves Le Gallou, Conseiller régional d’Ile-de-France, prie donc M. le Président
du Conseil régional de bien vouloir lui indiquer :
1 - Si la Région est associée à l’étude des différents projets de statuts, et dans le cas contraire pour quelles raisons et pour combien de temps ?
2 - Quelles initiatives le Conseil régional entend prendre, en qualité de collectivité locale de plein exercice ou par contact direct avec le ministère de l’Environnement, afin de sauvegarder la forêt de Fontainebleau comme le plus grand espace de loisirs libres d’Ile-de-France, en conciliant la protection du site avec l’attente des différents acteurs locaux, usagers notamment ?

REPONSE du 6 décembre 1999

L’attention du Président du Conseil régional est appelée par une question écrite de Monsieur Jean-Yves LE GALLOU relative aux différents projets de statuts applicables à la forêt de Fontainebleau.
Le Conseil régional a été étroitement associé aux travaux du groupe de réflexion présidé par le professeur Jean DORST, missionné par Madame la Ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, pour proposer des solutions permettant la gestion durable du massif. A l’issue de ces débats, auxquels participaient des élus locaux, l’ONF, des représentants des associations d’usagers de la forêt, de naturalistes, d’exploitants sylvicoles et de propriétaires, deux solutions ont été dégagées :
- le Parc National, qui permettrait de répondre aux objectifs de protection, d’éviter la dégradation de la forêt, tout en permettant sa gestion économique et l’accueil du public. Cette solution paraît cependant difficile à retenir compte tenu des spécificités du site (forêt compartimentée par de grands axes routiers, agglomération en coeur de massif, forte pression urbaine...) au regard des autres parcs nationaux,
- un établissement public spécifique, dont deux variantes sont possibles :
Conservatoire National Périurbain ou Réserve de Biosphère. Cet établissement public ad hoc serait chargé de gérer la forêt, 1’ONF devant rendre des comptes au Conseil d’Administration en fonction des orientations qui lui seraient données. Il assurerait aussi la concertation directe entre usagers, l’animation et l’accueil du public. Le choix des intitulés dépend de la procédure retenue, qui relève dans tous les cas de la compétence du Ministère de l’Environnement, et suppose le même niveau de concertation locale et d’implication des responsables associatifs et élus. Dans les deux cas, les statuts adoptés devront prévoir les modalités d’accueil des usagers de la forêt, qu’il s’agisse d’activités récréatives ou naturalistes.
Cette structure pourra également fédérer des partenaires indispensables tels que la PNR du Gâtinais français, le Pays de Fontainebleau ou l’association des Maisons de bornage de la Forêt, qui rassemblent des collectivités locales riveraines du massif. Elle est compatible avec le récent classement en forêt de protection et permet d’instaurer une gestion décentralisée et participative adaptée à la spécificité du massif de Fontainebleau.
A ce stade, il appartient à 1’Etat et aux collectivités locales de se prononcer sur les solutions à mettre en oeuvre, et d’engager les dispositions légales et administratives correspondantes.
Le Conseil régional, pour sa part, respectera le choix qui sera retenu et s’engagera à contribuer activement à cette structure, comme il le fait déjà pour les PNR franciliens.