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Question parlementaire du 4 août 1980 : Pétrole et produits raffinés (prospection et recherche : Seine-et-Marne).

Assemblée nationale
4 Août 1980
JOAN p. 3301
Pétrole et produits raffinés (prospection et recherche : Seine-et-Marne).

Question :
29566. — 21 avril 1980. (JOAN p. 1584)— M. Didier Julia expose à M . le ministre de l'industrie que, selon certaines rumeurs dont il a eu connaissance, des forages pétroliers seraient prochainement entrepris dans la forêt de Fontainebleau. Il lui fait observer que le massif forestier de Fontainebleau est un ensemble classé et protégé. Il lui demande si ces informations sont exactes ; dams l' affirmative, il souhaiterait savoir si les textes actuellement applicables en ce domaine permettent de tels forges en un tel lieu. Il souhaiterait enfin connaître les projets exacts qui ont été élaborés à cet égard : société concessionnaire, nombre d'ouvrages prévus, localisation.

Réponse :

La forêt de Fontainebleau est partiellement couverte par quatre titres miniers : les concessions de Chartrette et de Chailly-en-Bière, attribuées à la société nationale Elf-Aquitaine (production) par décrets du 29 avril 1964 et du 28 mai 1964 pour une durée de cinquante ans (échéance 1" janvier 2010, et les deux permis de recherches hydrocarbures de la Ferté-Alais et d'Essonne accordés à la même société par décret du 26 décembre 1974 et du 28 avril 1977. II faut également noter la récente demande de permis de recherches de Montargis déposée par la compagnie française des pétroles (Total exploration parue au Journal officiel du 6 avril 1980, qui couvre partiellement cette zone.

Actuellement, sur les permis de La Ferté-Alais et d'Essonne, des travaux de prospection géophysique sont effectués par la compagnie générale de géophysique (C . G . P ). Dans le cadre. de cette campagne qui a débuté à la fin du mois de janvier, trois lignes sismiques totalisant vingt-cinq kilomètres environ ont été effectuées dans la forêt . Ces travaux se poursuivront jusqu'à la fin du mois de mai 1980, hors du massif forestier toutefois, les procédés mis en oeuvre excluent totalement l'emploi d'explosifs. L'énergie sismique est produite par des camions vibrateurs qui se déplacent sur les chemins forestiers existants de la forêt de Fontainebleau et de ce fait n'ont aucun impact sur l'environnement. En fonction des résultats, quelques profils complémentaires pourraient être réalisés en 1981 sur ces deux permis de recherches. Ces investigations géophysiques sont nécessaires pour comprendre l'architecture géologique générale de cette partie du bassin parisien. Elles ne conduisent pas obligatoirement à l'exécution de puits d'exploration.

La surface de la forêt de Fontainebleau concernée n'occupe d'ailleurs qu'une faible partie des deux permis de recherches, qui s'étendent sur plus de 4 000 kilomètres carrés. En tout état de cause, l'incidence d'un forage d'exploration est extrêmement réduite dans l' espace et dans le temps, et au cas où une découverte serait faite, les exemples bien connus des exploitations de Chailly et de Chartrettes productrices de pétrole depuis plus de 20 ans dans cette zone, montrent qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer .

Bien entendu, la forêt de Fontainebleau bénéficie d 'une protection spécifique, en tant que site classé, au titre de la loi du 2 mai 1930. Toute opération de forage devra donc obligatoirement recueillir l'autorisation des pouvoirs publics.

Question parlementaire du 14 juin 1978 : Entretien des forêts du département de Seine et Marne

Assemblée nationale
JOAN p. 2877
Séance du 14 juin 1978
Entretien des forêts du département de Seine et Marne

M. le président . La parole est à M . Didier Julia.

M. Didier Julia . Monsieur le Premier ministre, chaque fin de semaine, les forêts françaises situées aux abords des grandes agglomérations connaissent une fréquentation massive de citadins. C'est le cas de toutes les forêts de l'Ile-de-France, dont les trois quarts se trouvent dans le département de Seine-et-Marne. Le ministère de l'agriculture, considérant qu'il est chargé de l'entretien forestier et non de l'accueil du publie, n'a pas voulu assurer l'entretien de ces forêts. Jusqu'à cette année, cet entretien était assuré par le conseil général du département de Seine-et-Marne. Celui-ci a estimé que la dépense portée à sa seule charge était abusive et a supprimé les crédits correspondants. Les crédits d'Etat qui sont, par ailleurs, affectés à cet entretien vont être épuisés au cours du mois de juin. Dès le mois prochain, les forêts, et en particulier celle de Fontainebleau, risquent d'être transformées en dépotoirs puisque, chaque semaine, des centaines de tonnes de détritus sont retirées de la forêt : plus de vingt mille tonnes par an . tements dont les habitants fréquentent habituellement ces massifs forestiers soient appelés à participer aux travaux permettant d'y maintenir une certaine propreté . L'Etablissement public régional, ou à défaut . l'agence régionale pour les espaces verts pourrait déterminer la part de Paris et des départements environnants dans ces travaux. Ce problème intéresse à la fois le ministre de l'agriculture et le ministre de l'intérieur ; mais ne pouvant les interroger l'un et l'autre, je m'adresse à vous, monsieur le Premier ministre, pour vous demander que le Gouvernement dégage une solution rapide afin que l'entretien des massifs forestiers en cause continue d'être assuré dans les conditions favorables, (applaudissements sur plusieurs bancs du rassemblement pour la république.)

M. Claude Roux . Très bien!
M. le président. La parole est à M . le secrétaire d ' Etat auprès du ministre de l'agriculture.

M. Jacques Fouchier, secrétaire d'Etat . Monsieur le député. en réponse à votre question, je précise que le principe de l'ouverture des forêts domaniales au public a été confirmé et généralisé par une circulaire du ministre de l'agriculture en 1964. Mais il se trouve que l'accueil du public implique certaines sujétions : création d'équipements légers tels que sentiers, aires de stationnement, aires de jeux ou de pique-nique : entretien de ces équipements et nettoyage de la forêt. Je précise par ailleurs que l'effort déjà substantiel de l'Etat, a été cette année accru de 1 500 000 francs . Cet effort vous l'avez rappelé, est accompagné par le concours qu'apporte l'agence des espaces verts d'Ile-de-France dont, je le rappelle, le budget est abondé par l'établissement public régional. Les travaux d'équipement et d'entretien des forêts domaniales de la région parisienne en vue de l'accueil du public sont, depuis plus de dix ans, financés pou' partie par l'État, c'est-à-dire par le ministère de l'agriculture, et pour partie par les collectivités locales, c'est-à-dire par les régions, par les départements et, dans certains cas exceptionnels, par les communes, cependant que les travaux de régénération et d'entretien sylvicole de ces forêts sont entièrement pris en charge par l'office national des forêts sur son propre budget. Les modalités de financement par les collectivités locales d'une partie des dépenses relatives à l'accueil du public sont les mêmes dans les autres régions. Les clés de répartition entre les collectivités sont arrêtées par elles-mêmes sur la proposition du préfet de région : elles s'efforcent de tenir compte des intérêts respectifs retirés, par chacune de ces collectivités, de l'ouverture des forêts au public. La part de l'Etat, c'est-à-dire du ministère de l'agriculture, dans ce financement est très généralement fixée à 50 p. 100, les collectivités se partageant l'autre' moitié de la charge. (Applaudissements sur divers bancs de l'union pour la démocratie française .)

Assemblée nationale : séance du 21 juin 1976

Assemblée nationale
Séance du 21 juin 1976

M. le président . La parole est à M . Julia.

M. Didier Julia . Monsieur le rapporteur, vous avez fort bien parlé, mais à côté (le la question, je vous l'assure en tant que député d'une circonscription de forêts, qui a été probablement le seul à être assigné (levant les tribunaux correctionnels pour avoir défendu ces forêts contre les entreprises et contre l'urbanisation. La forêt domaniale de Fontainebleau, puisqu'il s'agit d'elle, recèle, cas unique en France niais aussi dans le monde, du sable qui est de la silice pure et dont l'exploitation fait vivre 8 900 personnes dans les entreprises de verrerie de la région et 165000 personnes en France dans la verrerie et la fonderie. Les carrières sont là et elles sont exploitées. Si l'on appliquait à la lettre la théorie selon laquelle il conviendrait — comme le dit M. le- ministre -- d'interdire tout développement des carrières, toutes les exploitations dont j'ai fait état seraient aussitôt arrêtées. Or, sur le plan régional comme sur le plan national, il n'existe aucune autre possibilité de remplacement de ce sable siliceux qui sert notamment à la fabrication des verres de télévision, des verres de visée, des verres dotés de qualités optiques particulières. Alors, comment défendre la nature ? Personne ne peut croire qu'on arrêtera l'exploitation de ces entreprises. En 1962, lorsque l'Etat a voulu creuser dans la forêt de Fontainebleau pour rechercher du pétrole, il a fallu, puisque aucune législation ne permettait de l'en empêcher ça, que ce soient le Premier ministre et le Président de République de l'époque eux-mêmes qui déterminent sur une carte les endroits de la forêt, plantés de bouleaux --- et non de chênes — où il serait possible de rechercher ce pétrole. Ce qu'il faut, c'est limiter les dégâts causés au site par ces carrières, qui n'occupent que trente hectares sur 27 000 hectares, ne constituent pas des s saignées mais représentent une richesse irremplaçable. M. le ministre nous dit : ne faisons pas, pour un cas particulier, une loi de caractère général.

M. le ministre de l'équipement . Une loi pour trente hectares!

M. Didier Julia . Je lui réponds : ne faisons pas une loi carcan qui interdirait le règlement des cas particuliers et créerait finalement une situation explosive. Le problème de la protection des sites se pose en ces termes: les carrières existent ; il s'agit d'obliger ceux qui les exploitent - qui -te sont pas d'ailleurs des sabliers au sens classique du mot mais des sabliers liés directement à des usines -- à reconstituer le site . Et contrairement à ce que soutient le rapporteur pour :pr is, cela a déjà été fait . Je pourrais citer dix exemples dans ma région même . D'ailleurs, monsieur le ministre, vous connaissez !es carrières de Samois oit ;e site est en voie de reconstitution intégrale . Par conséquent . cette reconstitution est possible. Par ailleurs, la portée de ce texte est limitée, ce qui n'apparaît pas dans votre exposé, monsieur le ministre . Elle est limitée : d'abord, aux produits importants pour l'économie nationale ou régionale ; ensuite, aux gisements qui ont fait l'objet d'une reconnaissance dans des documents d'urbanisme antérieurs à la loi du 10 juillet 1973. appelle une garantie de bonne fin. Le président Icart avait proposé à l'Assemblée tin amendement dans ce sens, mais, à une voix de majorité — il y avait de nombreux absents — celui-ci avait été repoussé. Il s'agirait de renvoyer à un décret en Conseil d'Etat la définition des capacités techniques et financières dont devraient justifier les exploitants. J'avais suggéré un système de garanties avec dépôt de garantie. Monsieur le ministre, ne faites pas de ce texte un carcan dont on ne pourrait se libérer ensuite. En ce qui concerne l'environnement, votre attitude me parait un peu démagogique, pardonnez le mot. Comme vous, nous sommes contre les carrières de la vallée de l'Eure, contre ces exploitations qui font du territoire national un véritable gruyère. Vous ne voulez pas traiter du problème dans le projet de loi parce que, selon vous, il relève du code minier. Ces carrières sont malheureusement inévitables, mais vous ne voulez pas de l'effort de reconstitution des sites que je vous demande d'inscrire dans la loi. Personne ne peut croire qu'en cette période de difficultés dans le domaine de l'emploi vous arrêterez brusquement la verrerie et la fonderie françaises dont le sable qu'elles utilisent provient de ces carrières. Je vous demande de suivre le Sénat et de prévoir, dans les décrets d'application, une garantie financière des exploitants en même temps que l'obligation pour ces derniers de reconstituer le site. Ce texte est l'occasion de panser une blessure sur le territoire national. Ne la repoussons pas.

Question parlementaire du 19 janvier 1974 : Office national des forêts (information sur les modes de gestion du domaine forestier)

Assemblée nationale
JOAN p. 211
Office national des forêts (information sur les modes de gestion du domaine forestier)

Question :
4678. — (22 septembre 1973, JOAN p. 3804) M. Pierre Joxe demande à M. le ministre de l'agriculture et du développement rural :
1° pour quelles raisons l'office national des forêts procède-t-il à des coupes à blanc étoc dans des peuplements d'âge moyen en bon état, dont la régénération pourrait être assurée sans frais par la méthode du réensemencement naturel, alors que la méthode nouvellement appliquée de repeuplement artificiel après labour, voire même après défonçage du sol, est à la fois aléatoire et coûteuse ;
2° pour quelles raisons l'O.N.F. a-t-il détruit à Fontainebleau des régénérations naturelles acquises de chêne et de hêtre pour replanter des plantes des mêmes essences après défonçage du sol au bulldozer ;
3° pour quelles raisons des pressions s'exercent-elles contre la liberté de l'information en ce qui concerne la gestion par l 'O.N.F. des forêts soumises au régime forestier.

Réponse :
(19 janvier 1974)
1° L'office national des forêts ne procède pas à des coupes à blanc étoc dans des peuplements d 'âge moyen en bon état d 'essence d 'avenir. Peut-être y a-t-il confusion avec des perchis de charme sur souches âgés mais de faible diamètre sans avenir et évidemment incapables de se régénérer naturellement en essences nobles.
2° L'office n'a pas détruit des régénérations acquises de chêne et de hêtre en forêt de Fontainebleau. Toutefois, dans des parcelles partiellement régénérées naturellement et où il n'était plus possible d'espérer des semis, il a labouré et replanté les zones où la régénération ne pouvait être considérée comme acquise du fait de l'absence ou de l'extrême rareté des semis.
3° Je n'ai pas connaissance d'entraves qui auraient été apportées à la liberté de l 'information en ce qui concerne la gestion de forêts soumises au régime forestier par l'office national des forêts. Bien au contraire, l'administration et l'office ont toujours répondu aux demandes de renseignements qui leur ont été adressées. Des réunions d 'information ont été organisées sur le terrain pour éclairer le public sur les objectifs poursuivis par l 'office.

Question parlementaire du 19 septembre 1970 : alpinisme et escalade en forêt

Assemblée nationale
JOAN p. 3978

Question :
13283. — (Question du 18 juillet 1970.) M. Odru attire l'attention de M. le Premier ministre (jeunesse, sports et loisirs) sur les besoins actuels des grimpeurs et alpinistes des régions parisienne, normande et orléanaise s'entraînant en des sites d'escalade relativement proches de leurs lieux d ' habitation (par exemple Fontainebleau, les falaises de la Seine, le Saussois dans l ' Yonne, etc.) . Il lui demande quelles mesures il a prises ou compte prendre pour répertorier e les terrains de jeux naturels n existants pour en créer de nouveaux et pour les réserver aux grimpeurs et alpinistes intéressés afin qu'ils puissent sans difficulté majeure pratiquer le sport qu' ils ont choisi .

Réponse :
(19 septembre 1970) — Les associations de montagne connaissent fort bien les sites d'escalade, particulièrement ceux de la région parisienne et de la Normandie. Elles ont même constitué sur le plan régional des interassociations avec des associations de sauvegarde des sites naturels : ainsi en est-il du Cosiroc pour la région parisienne. Ces associations ont constitué des dossiers sur les sites d 'escalade, non seulement sur le plan technique (qui ont donné lieu à des publications à l'intention des grimpeurs), mais aussi sur le plan du droit foncier. La Fédération française de la montagne a prévu de réaliser prochainement un inventaire systématique et exhaustif de tous les sites d' escalade. Le souci de protéger ces sites comme l'ensemble des espaces propres à la pratique des sports de pleine nature a inspiré les travaux du Haut Comité des sports qui ont éte résumés dans la brochure "De l 'air pour vivre", parue en 1964. En outre, les problèmes de la sauvegarde des espaces de sports de plein air (et donc de l' escalade) et de loisirs ainsi que ceux de leur accès font l'objet de travaux dans le cadre de la préparation du VI' Plan (commission des activités sportives et socioéducatives, intergroupe loisirs). Par ailleurs, des mesures de protection ont été prises, au moyen de règlements d ' urbanisme et de la législation sur la protection des sites. C'est ainsi que le massif forestier de Fontainebleau, qui comprend de nombreux massifs rocheux particulièrement propices à l'escalade, a été classé au titre de la loi de 1930 pour la partie domaniale et inscrit à l 'inventaire des sites pour les antennes Ouest et Sud dont la plus grande partie se trouve sous le régime de la propriété privée, certaines parcelles particulièrement remarquables se trouvant classées. Des mesures d'acquisition, qui, seules, sont susceptibles d 'assurer définitivement l'affectation à la collectivité, ont été engagées. C'est ainsi que le massif des Trois Pignons, antenne Ouest du massif forestier de Fontainebleau, a été déclaré d 'utilité publique et est en cours d'acquisition par le ministère de l'agriculture. Cette partie de la forêt comprend de nombreux et importants massifs d 'escalade. C'est ainsi que la base de plein air de Buthiers (en Seine-et-Marne) comprenant deux massifs d 'escalade est en préparation : l'enquête en vue de la déclaration d 'utilité publique devrait intervenir très prochainement. Il s 'agit là des premières opérations engagées qui devront être suivies par d'autres opérations. Il semble possible, à l'occasion du VIème Plan, d 'engager un programme de protection systématique des sites d'escalade, comme des autres espaces de loisirs.

Question parlementaire du 15 juin 1965 : Forêt de Fontainebleau. Tour Denecourt

Assemblée nationale
JOAN p. 2151

Question :
14426. — (Question du 11 mai 1965) M. Roux expose à M. le ministre de l'agriculture qu'au lieudit de la Tour Denecourt, en forêt de Fontainebleau, qui est un des très beaux sites de ce massif forestier, une cabane en bois couverte de tôles ondulées vient d 'être édifiée à usage de buvette-bar ; que ces installations défigurent ce site ; qu'en outre, des rochers sont enlevés ou déplacés et des arbres abattus pour permettre sans doute à ce concessionnaire d ' installer des tables pour les consommateurs. Il lui demande s'il a l'intention de faire cesser une occupation aussi abusive du domaine public.

Réponse :
(15 juin 1965) — La Tour Denecourt, malmenée par des vandales, a été remise en état par la Société des amis de la forêt de Fontainebleau en 1962 et 1963. Il importe d'en prévoir la surveillance pour éviter la répétition des actes de dégradation précédemment commis et c'est pourquoi ladite société est intervenue auprès du service forestier pour qu'une buvette soit ouverte à cet emplacement, le responsable devant en même temps assumer la surveillance du site . Il a été fait droit à cette requête qui paraissait tout à fait justifiée puisqu'elle émane d'un organisme dont on sait l'attachement à la protection de la forêt de Fontainebleau. Il est signalé en outre :
1° que la couverture actuelle du petit bâtiment édifié est tout à fait provisoire . Elle sera complétée par un lattis de bambous ;
2° qu 'aucun rocher n 'a été enlevé ni déplacé.

Question parlementaire du 15 octobre 1963 : Forêt de Fontainebleau. chenilles

Assemblée nationale
JOAN p. 5173

5272. — 15 octobre 1963. — M. Séramy attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture sur l'importance des dommages actuellement subis par les peuplements en résineux de la forêt de Fontainebleau, du fait de leur invasion par des colonies de grands "Lophyres", chenilles particulièrement destructrices. Il lui signale la nécessité d'en entreprendre rapidement la destruction et lui demande quelles mesures il envisage pour mettre la forêt de Fontainebleau à l'abri de leurs déprédations immédiates et de leurs conséquences à plus ou moins long terme.

Assemblée nationale : séance du 3 novembre 1960

Assemblée nationale
Séance du 3 novembre 1960
JOAN p. 3007

M. Henri Longuet. Monsieur le ministre, je voudrais vous entretenir d'une question dont nous avons déjà parlé au mois de juin dernier. J'ai beaucoup regretté que vos nombreuses occupations ne vous aient pas permis de me recevoir. Vous connaissez notre inquiétude à propos des constructions de grands ensembles et vous êtes de notre avis : il ne devrait plus se construire de grands ensembles sans réunion préalable des ministres intéressés. Si cette procédure le la réunion préalable était adoptée, nous ne verrions pas ce que nous déplorons actuellement : deux mille logements de fonctionnaires, par exemple, sans téléphone, sans hôpital, sans médecin, bientôt quatre mille enfants sans école, ce qui est proprement navrant . On accueille provisoirement ces enfants, à grands frais, dans des tours de huit étages ne disposant que d'un escalier en colimaçon de 90 centimètres de large. Les écoliers mettent à peu près une demi-heure pour se rendre en classe et autant pour en descendre. En cas de panique, je me demande dans quelle situation se trouveraient les maîtres . J'ajoute qu'il n'y a pas de lieu de récréation. Dans l'ensemble dont je parle, aucun commerce, non plus, n'a été prévu. Au surplus, les malades doivent être transportés à 80 ou 90 kilomètres du lieu où ils se trouvent . Les malades de Viry-Châtillon sont transférés à Montfort-l'Amaury et à Mantes-la-Jolie . C' est inconcevable ! Il est question, parait-il, de construire, dans cet ensemble, des tours de dix-sept étages . Je vois mal la construction de tours de cette importance . Il y a peu de temps encore, notre commune ne comptait que 10 .000 habitants . Les services de pompiers, les services annexes ne sont pas équipés pour prendre en charge les habitants de ces tours. Je ne suis pas systématiquement opposé à de telles opérations mais il est inadmissible que l'on construise des tours dans des endroits où, vraiment, elles n'auraient jamais dû se trouver.
Autre exemple : la forêt de Fontainebleau. En arrivant à Fontainebleau, on se trouve en présence d'une tour et l'on se demande qui a pu concevoir un pareil édifice.

Question parlementaire du 9 septembre 1967 : camping en forêt

Assemblée nationale
JOAN p. 3197

Question :
2975. — (Question du 22 juillet 1967.) M. Hestier expose à M. le Premier ministre (tourisme) que les décrets n° 59.275 du 7 février 1959 et n° 60-255 du 18 mars 1960 prévoient que le camping est interdit sauf dérogation, dans les sites classés ou inscrits à l'inventaire supplémentaire . Par ailleurs, le code de l'urbanisme et les décrets d'application prévoient que, pour toute construction, il est nécessaire d'avoir obtenu les autorisation' des administrations compétentes, et que ce permis ne peut être obtenu qu'à certaines conditions dans les sites classés.
II lui demande s'i1 est exact que :
1° il existe des terrains de camping et des garages à caravanes dans la région des Trois Pignons, dans la forêt de Fontainebleau ;
2° il existe des constructions dans ee même périmètre.
Il lui demande en outre :
1° le nombre de terrains de camping et garages à caravanes et sur quels critères ont été accordées les autorisations ;
2° le nombre de constructions existantes et sur quels critères ont été accordés les permis de construire . Dans le cas où ces terrains ou constructions n'auraient pas reçu les autorisations nécessaires, quelles sont les dispositions qu 'il compte prendre à leur égard.

Réponse :
(9 septembre 1967) L'attention de l'honorable parlementaire est appelée sur le fait qu'une partie seulement de la question posée, plus précisément celle qui se rapporte au camping, est de la compétence du secrétariat d'Etat auprès du Premier ministre chargé du tourisme. Les problèmes soulevés par l 'autre partie de la question, relèvent en effet des attributions de M. le ministre de l'équipement. En réponse, au sujet du camping, il est précisé qu 'aucune autorisation d'ouverture, n 'a été accordée dans la région des Trois Pignons; les personnes qui y camperaient seraient donc de ce fait en infraction avec la réglementation en vigueur. Il est exact que plusieurs demandes ont été présentées, tendant à obtenir une autorisation pour des installations telles que celles qui sont visées dans votre question. Ces demandes ont été instruites selon la procédure normale par les services préfectoraux et ont fait l'objet d' un refus qui doit être notifié incessamment par un arrêté en préparation.

Question parlementaire du 9 juin 1964 : carrières en forêt de Fontainebleau

Assemblée nationale
JOAN p. 1755

Question :
7082. (8 février 1964) .M. Seramy attire l 'attention de M. le ministre de l'agriculture sur les conséquences des exploitations de carrières en forêt de Fontainebleau dans plusieurs secteurs annexes du massif, avec destruction des rochers d 'intérêt artistique, scientifique ou touristique qui s'y trouvent. Il lui demande s'il envisage d'étendre aux parcelles non domaniales de la forêt de Fontainebleau les dispositions de la loi de 1907 interdisant l'ouverture de telles carrières dans les sites à émergences de grès.

Réponse :
(9 juin 1964) Les exploitations de carrières dont fait état l'honorable parlementaire, bien qu 'effectuées dans un secteur limité, n'en constituent pas moins un fait regrettable auquel il est malheureusement difficile de s'opposer dans le cadre des textes actuellement en vigueur. En effet, d'une part, le ministère de l 'agriculture ne peut interdire la destruction de rochers dans les forêts privées voisines de la forêt domaniale de Fontainebleau que lorsque cette action entraîne un défrichement forestier et que celui-ci est, par ailleurs, susceptible de créer des érosions ou de nuire à la régularité du régime des eaux (art . 158 du code forestier). Cette double condition n ' est pratiquement jamais réalisée dans la région de Fontainebleau où les sites dont il s'agit sont du reste peu boisés. D'autre part, le classement de ce secteur en espaces boisés au plan directeur d'urbanisme intercommunal ne permet pas de s'opposer efficacement à une destruction de rochers, cette action ne pouvant être considérée comme portant atteinte au caractère forestier du site. Toutefois, le ministère d'Etat chargé des affaires culturelles, qui s 'est préoccupé de ce problème, a engagé des pourparlers avec le service des mines, en vue de déterminer dans quille mesure l'exploitation des grès pourrait être, sinon interdite, tout au moins sérieusement réglementée et circonscrite en des points du massif parmi les moins sensibles sur le plan esthétique et scientifique. Dans le cadre de sa politique d'espaces verts, le district étudie, en outre, les conditions dans lesquelles pourraient être achetés certains terrains de la forêt de Fontainebleau où semblent être situées les carrières de grès dont il s'agit.

Question parlementaire du 13 mars 1965 : coupes en forêt de Fontainebleau

Assemblée nationale
JOAN p. 416
13470. — 13 mars 1965.

M. Trémolllères demande à M. le ministre de l'agriculture de lui indiquer s'il considère que la forêt de Fontainebleau est soumise à une exploitation industrielle, comme semble l'indiquer l'abattage de chênes, hêtres et ormes centenaires, ou s'il s'agit, au contraire, d'une exploitation de conservation conforme à l'intérêt général, en vue de maintenir les espaces verts nécessaires aux Parisiens, les coupes actuellement effectuées ou envisagées provenant simplement d'un zèle excessif de fonctionnaires trop soucieux d'accroître les ressources provenant des coupes de bois.

Question parlementaire du 31 mai 1960 : coupes en forêt de Fontainebleau

Assemblée nationale
JOAN p. 1088

Question :
4739. — (14 mars 1960. JOAN p. 251) —M. Jean-Paul Palewski demande à M. le ministre de l'agriculture :
1° dans quelles conditions sont opérées les coupes de bois de la forêt domaniale de Fontainebleau;
2. quel est le nombre de stères qui ont été sortis de celte forêt annuellement depuis 1910 ;
3. pour quelles raisons ces coupes ont été particulièrement profondes dans certains quartiers de la forêt qui présentent actuellement un aspect dénudé, ce qui inquiète énormément tous ceux qui considèrent que le bon état de la forêt domaniale de Fontainebleau est indispensable pour l'équilibre de santé des habitants de la région parisienne.

Réponse :
(31 mai 1960) — Les coupes effectuées en forêt domaniale de Fontainebleau le sont en vertu de l'aménagement réglant la gestion de ce massif et conformément à l'état d'assiette approuvé annuellement par le conservateur des eaux et forêts à Paris dans la circonscription duquel se trouve cette forêt.
Depuis 1940, il a été exploité annuellement en moyenne 72 .500 mètres cubes . Au cours des dix dernières années l'exploitation annuelle a porté en moyenne sur 55.800 mètres cubes.
Depuis 1940, les coupes les plus importantes ont été effectuées au cours de la période 1943-1948 pour satisfaire les besoins en bois des populations et pour tirer le meilleur parti des peuplements détruits par les graves incendies qui ont ravagé le massif de 1913 à 1915.
L'effort de reboisement entrepris depuis 1917 a permis de réduire les surfaces insuffisamment boisées - de 2.810 à 1.270 hectares. Le maintien en bon état d'un massif forestier ne consiste pas à laisser vieillir de façon excessive les peuplements ce qui aurait pour effet de le rendre particulièrement sensible aux cataclysmes naturels et dangereux pour ceux qui le fréquentent mais à remplacer par de jeunes peuplements les cantons et parcelles où les arbres ont atteint leur terme de longévité.
Si l'on excepte 1.621 hectares constitués en réserve par arrêté du 9 octobre 1953, il est dès lors souhaitable que partout ailleurs les vieux peuplements soient rénovés.
Le renouvellement progressif d'un massif forestier, se traduit momentanément par un aspect quelque peu dénudé aux endroits où il est effectué, est le meilleur gage de sa pérennité lui permettant ainsi, au cours des temps, de remplir pleinement son rôle d'utilité générale.

Question parlementaire du 19 juin 1959 : protection de la forêt de Fontainebleau

Jean-Marcel Jeanneney, Ministre de l'Industrie et du Commerce répond à la question orale de M. Becker relative à la protection de la forêt de Fontainebleau (projet des ingénieurs pétroliers et des ponts-et-chaussées) [19 juin 1959] (p. 947).

Question n° 963 . - M. Georges Becker demande à M. le ministre délégué auprès du Premier ministre quelles mesures il compte prendre pour assurer la protection intégrale et efficace de la forêt de Fontainebleau contre les projets des ingénieurs pétroliers d'une part et contre ceux des ponts et chaussées, d'autre part. En effet, les uns et les autres compromettraient à jamais l'unité esthétique et biologique d'un ensemble forestier unique au monde et qui doit être considéré comme un monument historique de caractère sacré qu'aucune excuse de nature économique ou de commodité ne devrait permettre de toucher.

Assemblée nationale - avis sur la résolution sur le massif forestier de Fontainebleau du 10 novembre 1954

JOAN du 10 novembre 1954

Avis de M. le président du conseil et de la commission intéressée sur l'urgence de la discussion de la proposition de résolution de M. Casanova et plusieurs de ses collègues tendant à inviter le Gouvernement à conserver le massif des Trois-Pignons en forêt de Fontainebleau àu patrimoine touristique et national (n° 9458). 

1° Avis de M. le président du conseil. 

Paris, le 18 novembre 1954. 

Le président du conseil des ministres à Monsieur le président de l'Assemblée nationale.

 Vous avez bien voulu me communiquer la demande de discussion d'urgence déposée au début de la séance du 15 novembre 1954 par M. Casanova pour sa proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement à refuser le massif des Trois-Pignons en forêt de Fontainebleau aux autorités militaires et à conserver intégralement la forêt de Fontainebleau au patrimoine touristique et national 9458). J'ai l'honneur de vous faire connaître que, compte tenu de la décision prise par l'Assemblée nationale pour la fixation de son ordre du jour le mercredi 3 novembre 1954, le Gouvernement ne peut qu'émettre un avis défavorable à l'égard de cette demande do discussion d'urgence. 

Pour le président du conseil et par délégation: 
EDGAR FAURE.

2° Avis de la commission intéressée. 

Paris, le 17 novembre 1954. 

Monsieur le président, 

J'ai l'honneur de porter à votre connaissance que la commission de l'éducation nationale, réunie le 17 novembre 1951, n'a pas valablement adopté la demande de discussion d'urgence présentée par M. Casanova pour sa proposilion de résolution (n° 915S) tendant à inviter le Gouvernement à refuser le massif des Trois-Pignons en forêt de Fontainebleau aux autorités militaires et à conserver intégralement la foret de Fontainebleau au patrimoine touristique et national, onze commissaires s'élant prononcés pour l'urgence et trois commissaires contre. 

Veuillez agréer, monsieur le président, l'assurance de ma haute considération. 

Le vice-président de la commission, 
DIENESCU. 

Assemblée nationale - résolution sur le massif forestier de Fontainebleau du 14 février 1957

UTILISATION DE LA FORET DE FONTAINEBLEAU A DES FINS MILITAIRES 

Discussion d'une proposition de résolution. 

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion de la " proposition de résolution de M. Casanova et plusieurs de ses collègues tendant à inviter le Gouvernement à refuser le massif des Trois Pignons en forêt de Fontainebleau aux autorités militaires, et à conserver intégralement la forêt de Fontainebleau au patrimoine touristique et national (nos 827, 2942). La parole est à M. Deixonne, rapporteur de la commission de l'éducation nationale . 

M. Maurice Deixonne, rapporteur. Mesdames, messieurs, lorsque j'ai sollicité et obtenu le rapport sur la proposition de M. Casanova, je n'excluais pas l'hypothèse que nos collègues communistes nourrissaient quelque maligne pensée à l'encontre des troupes de l'O. T. A. N. et spécialement de nos alliés américains. Il va sans dire que, si cette pensée était la leur, elle a complètement disparu des travaux de la commission au nom de laquelle je vous apporte 'aujourd'hui des conclusions unanimes. Notre accord était même tellement profond que nous avions espéré que notre proposition de résolution pouriait être adoptée sans débat par l'Assemblée nationale. Mais M. le secrétaire d'Etat au budget a cru devoir y faire opposition pour des raisons que nous aurons l'occasion d'examiner au cours du débat. Le premier point du texte que nous vous demandons d'adopter pose le principe de la reconstruction de notre école militaire. Cela devient, en effet, un scandale que, dix ans après la Libération, notre école militaire soit encore reléguée à Coëtquidan dans des conditions telles que l'on rougit de la présenter à des visiteurs étrangers. Les élèves sont fréquemment obligés de défendre leurs baraquements contre l'envahissement des eaux, ce qui ne saurait évidemment remplacer la piscine qui leur fait cruellement défaut. Leurs instructeurs sont eux-mêmes si mal logés qu'une fonction qui devrait être honorifique devient pour eux une pénalisation. Enfin, si la proximité des landes bretonnes favorise les exercices de manoeuvre, l'école est privée de ce milieu intellectuel qu'exige la formation de futurs grands chefs militaires et qui aoit éveiller, puis confirmer, les vocations. Si nous ne voulons pas que l'armée française connaisse bientôt une crise redoutab.e dans son haut commandement, il faut, après les terribles pertes enregistrées en Indochine, iéunir d'urgence les conditions qui assureront à notre futur institut militaire un recrutement et un enseignement dont la valeur défiera la critique. Permettez-moi de vous rappeler le cri d'alarme lancé par JH. de Chevigné devant l'Assemblée nationale le 19 mars 1954. « Les armes principales — disait-il — infanterie, artillerie, cavalerie, génie, comptaient, en 1914, 52 p. 100 d'officiers sortant des grandes écoles. Elles ne comptent plus que 21 p. 100 de Saint-Cyriens, 1 p. 100 de polytechniciens, ce pourcentage étant tomtïé à 8 p. 100 dans le "grade de lieutenant. Plus de polytechniciens depuis 1939 et moins de 10 p. 100 de Saint-Cyrien's parmi nos lieutenants. » Certes, il n'appartient pas à votre commission de l'éducation nationale de proposer un statut qui pourrait être celui du futur Saint-Cyr, mais elle ne croit pas sortir de son rôle en insistant sur la nécessité de ne pas marchander aux officiers de demain l'initiation sociale, la formation morale et la vaste culture que commandent à la fois les formes modernes de la guerre et les problèmes de la paix. Nous voulons, notamment, espérer que les deux milliards de francs votés par l'Assemblée nationale au titre d'autorisation de programme pour la reconstruction de Saint-Cyr et qui ont été sérieusement menacés lors des récents blocages de crédits, ne seront pas remis en cause par la suite. N'oublions pas que ces deux milliards ne représentent qu'un modeste départ par rapport aux dix milliards de francs qui seront nécessaires pour la reconstruction de l'école, reconstruction qui ne pourra s'opérer que dans un délai minimum de trois ans. Puisque les négociations se poursuivent entre les ministres dépensiers et M. le secrétaire d'Etat au budget au sujet de la revision du blocage des crédits d'abord et des économies à réaliser par la suite, nous sommes heureux que l'occasion nous soit offerte de déclarer bien haut que Saint-Cyr ne doit pas plus longtemps être sacrifié aux considérations qui ont jusqu'à présent retardé sa renaissance. Mais un autre problème est de savoir où Saint-Cyr doit être reconstruit. Nous avons enregistré avec joie l'engagement de M. Max Lejeune, secrétaire d'Etat aux forces armées, de reconstruire l'école à Saint-Cyr, c'est-à-dire dans le cadre même où notre école militaire retrouvera ses plus belles traditions. Mais si cette décision nous satisfait pleinement, elle ne peut pas nous faire oublier que d'autres projets ont jadis vu le jour. M. Filippi, ou du moins ses services feignent d'ignorer que M. Jacques Chevallier avait jadis conçu le dessein d'implanter la nouvelle école dans la forêt de Fontainebleau. C'est pourtant un fait de notoriété publique, et vous me dispenserez, j'imagine, de présenter ici le dossier qui pourrait prouver d'une façon péremptoire qua ce projet n'est pas un mythe. C'est à ce sujet que nous vous demandons de prendre clairement, position, car nous estimons qu'il y a dés morts qu'il est prudent de tuer deux fois. Nous ne contesterons pas, d'ailleurs, l'intérêt que présentait cette idée. D'une part, la proximité de Paris eût permis aux élèves le contact des maîtres les plus qualifiés. D'autre part, la noblesse du site, avec de forts beaux débouchés possibles à travers bois sur la boucle de la Seîne, laissait imaginer un ensemble pouvant rappeler l'admirable panorama de Wèst Point. Mais nous ne pouvons dissimuler la contrepartie. La butte de Montceau, à Avon, sur laquelle il était question d'édifier l'école, offre une plate-forme ellipsoïdale de 100 mètres sur 200. Nous sommes loin des 50 hectares qui, selon l'Etat-major de l'armée, sont nécessaires pour loger l'école proprement dite, la troupe, les services, les cadres, et des 150 hectares qui seraient indispensables si on y ajoute le terrain de manoeuvre adjacent. Construire sur les contreforts ? Ce serait sans doute possible, mais au prix de quelles dépenses! Et surtout quel bouleversement dans toute line nouvelle partie de la forêt de Fontainebleau ! L'armée détient déjà les 750 hectares du domaine du Bois- Rond, achetés pour les manoeuvres de la première, région, et dont les rochers sont d'ailleurs peu propices à l'évolution des tanks. Dans la perspective d'une implantation de l'école militaire à Avon, elle se proposait de compléter son domaine en acquérant la plaine de Chanfroy et les terrains adjacents, soit 273 hectares sur la commune d'Arbonne et 171 hectares sur la commune de Noisysur-Ecole. Il est juste d'ajouter que l'armée se déclarait prête à renoncer aux 106 hectares du polygone d'artillerie et aux 18 hectares du Montmorillon. Mais on voit à quel point la forêt eût été écornée, et c'est là la source d'oppositions insurmontables que votre commission a le devoir de vous signaler. Elles n'émanent pas seulement des deux cents propriétaires entre lesquels se répartissent les 210 hectares de Chanfroy. Elles viennent aussi de la préfecture de la Seine, peu satisfaite de voir un nouveau tronçon de l'aqueduc de la Vanne passer en terrain militaire. Mais ce sont surtout tous les amis de la nature qui protestent à jusfe titre. Trésor inestimable, miraculeusement échappé à l'emprise des villes tentaculaires, paradis des campeurs, des randonneurs, des estivants, des alpinistes, des mycologues, des peintres, de tous les citadins affamés d'air pur, avides de détente, épris de beauté, la forêt de Fontainebleau devrait être érigée depuis longtemps en parc national. 

Mme Ractiel Lempereur, présidente de la commission. Très bien ! 

M. le rapporteur. Ce ne sont pas seulement les amis de la forêt qui nous y convient, mais l'étranger lui-même nousrotection de la nature publie un manifeste qui déclare notamment : « La forêt de Fontainebleau, carrefour biogéograpliique, sanctuaire de richesses scientifiques de haute valeur, refuge de nombreuses espèces animales et végétales, constitue actuellement, comme elle l'a été depuis le moyen âge, depuis Tournefort et Linné, l'un des plus riches domaines qu'offre aux . hommes de science la nature dans le monde. « Trouer la continuité du grand massif, livrer aux manoeuvres motorisées une partie de ce domaine, y apporter des éléments de perturbation et y pratiquer des coupes qui rompront l'intégrité de ce magnifique parc national et en assureront l'appauvrissement, serait une décision que réprouveraient dans 'e monde entier tous ceux qui sont attachés à la défense des richesses naturelles ». Il faut donc avoir, comme le demande M. André Billy « pilié pour la forêt de Fontainebleau ». 11 faut exclure radicalement l'idée d'y installer notre nouvelle école militaire, même en lui accordant, de l'autre côté de la Seine, les bois de Valence ou de Champagne. Mais il ne suffit pas d'exclure cette idée; nous ajoutons qu'il est nécessaire de reconstituer le domaine de Fontainebleau. Au cours de la visite que nous y avons faite avant de déposer notre rapport, nous avons pu" voir les militaires français, les militaires américains, les civils s'acharner à qui mieux mieux à la destruction de la forêt. Partout des chantiers, des arbres abattus. Nous demandons qu'un ceup de frein énergique intervienne avant que cette frénésie n'arrive à son terme. Puisque l'armée était prête à renoncer au polygone et au Montmorillon, noue en réclamons formellement la rétrocession à l'administration des eaux et forêts pour laquelle ces sites présentent justement le plus grand intérêt. Après quoi, il y aura lieu d'examiner jusqu'à quel point le Bois-Rond est effectivement utilisé par la première région. A notre avis, il n'existe pas, dans la garnison de Fontainebleau, de troupes susceptibles d'utiliser véritablement le terrain. Pour les manoeuvres de l'école militaire, l'armce dispose déjà des 250 hectares de Frileuse ; pourquoi n'essayerait-elle pas d'agrandir ce domaine en échangeant Bois-Rond et les différentes parcelles dont elle est encore détentrice ici et là ? Quant aux manoeuvres de plus grande envergure, aux manoeuvres de printemps, ce n'est évidemment ni à Bois-Rond, ni à Frileuse qu'elles pourront avoir lieu, mais dans des terrains propices comme Mourmelon. Coëlquidan, Mailly, voire l'Afrique du Nord. Mais je répète que le maintien de Bois-Rond à l'autorité militaire ne se concevait que dans l'hypothèse où l'école militaire serait implantée à Fontainebleau. Cette hypothèse écartée. il convient de rendre la forêt à sa véritable vocation. Le dernier problème qui a retenu notre attention est celui des indemnités auxquelles a donné lieu la construction du pipe-line Donges-Melun-Metz. C'est, en effet, une autre catastrophe qui est venue fondre sur la région en raison de la construction de ce pipe-line destiné à acheminer les produits pétroliers de l'Atlantique à l'Allemagne occupée. Dire le massacre de certains paysages par ces citernes gigantesques, ces tranchées et ces coupes est vraiment impossible. Un seui mot peut traduire la stupeur indignée des touristes : vandalisme. Nous n'en dirons pas plus puisque, cette fois, le mal est fait et qu'il est irréversible. Du moins est-il infiniment souhaitable que soient revisées les indemnités souvent fantaisistes auxquelles a donné lieu l'expropriation des terrains. Je sais bien que c'est sur ce point que le département du budget soulève quelques objections et je ne discuterai pas avec les services de M. Filippi la question de savoir si le pipe-line Donges-Metz passe dans la forêt de Fontainebleau ou seulement à ses abords. A notre avis, la question est seulement de savoir: d'abord si des injustices ont été commises, ensuite's'il est encore temps de les réparer. Or les renseignements que nous avons recueillis et qui émanent, notamment, de secrétaires de mairie, c'est-à-dire de personnes au moins aussi qualifiées pour se prononcer que les inspecteurs des finances, nous permettent d'affirmer que l'injustice est partout. J'ai cité dans mon raipport écrit un certain nombre de ces témoignages. On nous dit par exemple qu'on a qualifié ne friches des jachères laissées intentionnellement par les cultivateurs à cause de l'approche des travaux. Comprenez bien que des gens qui sont menacés d'expropriation ne vont pas prendre la peine de cultiver leurs parcelles. Mais on qualifie ensuite celles-ci de jachères. Dans certains cas où des bois ont été abattus on a confondu des taillis et des hautes futaies. Les écarts de prix pour des  parcelles de même qualité sont énormes: ces prix varient par exemple de 125.000 à 433.769 francs l'hectare pour des terres de quatrième classe. Nous sommes loin de l'affirmation de M. Filippi, suivant laquelle le prix uniforme de 110.000 francs i l'hectare a été appliqué. On ajoute que les experts de la commission arbitrale ont rejeté les demandes d'indemnités spéciales pour l'exploitation de la terre de bruyère et des carrières à grès, fl existe des plantations fort onéreuses dans cette région où beaucoup d'exploitations approvisionnent la régies parisienne en primeurs. Or des rapports nous apprennent que le pied d'asperge, en pleine production, a été évalué à deux francs et les pommiers, en plein rapport, à 4.500 francs. Il ne faut pourtant pas beaucoup de pommes pour atteindre le total de 4.500 francs. L'indemnité pour perte de loyer n'a pas été retenue en faveur du propriétaire bailleur. La question des impôts fonciers pour les terrains expropriés dont ies propriétaires ont perdu la jouissance depuis 1953 n'a pas été résolue. Aucune mesure de rétribution n'a été prise en faveur des personnes uniquement usufruitières des parcelles expropriées. Les sociétés de chasse ont été gravement lésées, etc. Si nous ajoutons que de nombreux vices de forme ont été constatés dans la procédure administrative en raison de la liâte avec laquelle on a dû procéder à ces expropriations, no-us sommes en droit de conclure que le problème est à reprendre de toute nécessité dans son ensemble, surtout depuis que l'Assemblée. nationale a manifesté, en votant le 7 octobre 1955 la proposition ds notre collègue, M. Charpentier, sa volonté de ne plrr» voir les agriculteurs spoliés au hasard des expropriations à titre militaire. Dernière question: est-il encore temps de revenir sur ce désordre ? Certes oui, puisque la lettre de M. Filippi reconnaît que la procédure d'expropriation est encore en cours d'exécution. Au surplus, le texte prudent que ie vais avoir l'honneur de TOUS proposer et qui est dû à la rédaction de M. André Marie, ne devrait pas soulever de véritable opposition de la part de l'administration des finances. Voici ce texte.: « L'Assemblée nationale invite le Gouvernement: « 1* A proposer au Parlement le vote des erédits nécessaires i la reconstruction de l'Eeole spéciale militaire ; « 2" A ne pas reconstruire cette Ecole dans la forêt de Fontainebleau, qu'il convient de défendre activement contre les empiétements de tontes sortes qui ne cessent de porter atteinte à, notre patrimoine touristique; « 3» A rendre à l'administration des eaux et forêts tous les sites, tels que le polygone d'artillerie, le M ont morillon, qui ne sont pas absolument indispensables aux autorités militaires ; « 4" A rechercher l'indemnisation équitable de tous les riverains du pipe-line Donges-Melun-Metz. » Tel est le texte, à notre sens modéré, que vous propose la commission de l'éducation nationale. J'espère qu'au moins tous les amis de la forêt de Fontainebleau auront à coeur de l'adopter. (Applaudissements à gauche et au centre.) 

M. le président. Le Gouvernement oppose-t-il à l'adoption de tout ou partie du rapport, une irrecevabilité constitutionnelle, légale ou réglementaire ? 

M. Albert Gazier, ministre des affaires sociales. Il s'agit d'une proposition de résolution. 

M. le président. Dans la discussion générale, la parole est à M. André Gautier. 

M. André Cautier. Mesdames, messieurs, M. Deixonne a éprouvé le besoin, en commençant son rapport de parler de « l'intention maligne » des communistes lors du dépôt de leur texte. La proposition de résolution déposée par M. Casanova et moi et les membres du groupe communiste est ainsi conçue: « L'Assemblée nationale invite le Gouvernement à respecter le patrimoine touristique et national de la forêt de Fontainebleau. » Il reste donc, dans le fond, que s'il y a un esprit malin, c'est bien M. Deixonne qui en est animé. 

M. Rax Brusset. A malin, malin et demi. 

M. André Gautier. Je veux rappeler les mobiles qui avaient incité le groupe communiste à deposer la proposition de résolution oui est à l'origine du rapport de M. Deixonne. Nous "voulions inviter le Gouvernement à refuser de nouveaux empiétements des autorités militaires en forêt de Fontainebleau et nous l'invitons à conserver intégralement cette magnifique forêt au patrimoine touristique et national. Les raisons de notre proposition de résolution étaient les suivantes: Le 3 juin 1952, M. le maire de la commune de Noisv-sar- Ecole recevait une lettre datée du 29 mai 1952, émanant de la première région militaire et signée : le chef de bataillon : Guillerey. Cette lettre indiquait brièvement que le secrétaire d'Etat à la guerre avait décidé l'achat du domaine « Bois-Rond », faisant partie du massif des « Trois Pignons ». Ce terrain serait destiné à être utilisé comme terrain de manoeuvre par les unités stationnées dans la première région militaire. De nombreuses protestations se sont élevées contre cette nouvelle menace, tendant à amputer une fois de plus la magnifîque forêt de Fontainebleau, déjà enlaidie et mutilée par le champ de tir, par la construction de logements destinés aux troupes américaines à la Fourche et Avon, et par l'installation des dépôts de matériel de l'armée américaine. On comprend l'émotion justifiée qui s'est emparée de la population de Seine-et-Marne, des touristes, des randonneurs, des peintres, des chercheurs et des estivants. La forêt de Fontainebleau, toute proche de la capitale, fait partie du vaste ensemble parisien. Chaaue dimanche, des milliers de touristes y affinent, et à la belle saison la forêt est devenue le lieu de prédilection de milliers de campeurs qui trouvent près de la capitale des lieux de repos et de délassement. Le conseil municipal d'Arbonne, réuni le 25 octobre, a pris à l'unanimité une résolution dont voici quelques extraits: « Le conseil municipal, « Considérant que si ce projet se réalisait, ce serait amputer la commune du site touristique le plus merveilleux et qui a été reconnu tel puisqu'il a été classé avec le site des Trois-Pignons ; « ...cette région possède les plus belles plantations de pins d'Arbonne ; « ...c'est également dans ce territoire que se trouvent les deux charniers découverts en 1944, où 36 patriotes furent fusillés par les Allemands et la population locale et d'ailleurs va s'incliner souvent sur le lieu ou ces martyrs ont laissé leur vie pour la renaissance de la France libre... » Pour les motifs que je viens d'évoquer et bien d'autres, le conseil municipal d'Arbonne demandait à tous les parlementaires de se pencher sur cette affaire. Nous avons d'autres raisons encore de nous inquiéter. J'ai cité les charniers dans lesquels,, au lendemain de la libération, nous avons trouvé les cadavres de trente-six patriotes, de trente-six de nos frères de combat. Des monuments très simples ont été élevés sur ce haut lieu de la résistance. Mais celui qui fut le responsable direct de ces assassinats revient maintenant sur les lieux, à Fontainebleau même, et sans doute le général Speidel voudra-t-il faire disparaître les traces de ses crimes. Il serait odieux de le laisser faire. La nomination de Speidel constitue en elle-même un outrage intolérable et c'est une raison de plus pour nous d'obtenir du Gouvernement l'assurance que ces lieux resteront inviolés et que la forêt sera sauve'gardée. (Applaudissements à l'extrême gauche.) 

R. Rax Brusset. Vous feriez bien de demander qne le monument de Mandel, élevé également dans la forêt de Fontainebleau. soit lui aussi protégé. 

M. André Gautier. Et c'est à nous que vous venez dire cela! 

M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires sociales. 

M. le ministre des affaires sociales. J'éprouve quelque embarras à répondre à l'exposé si détaillé et si complet de M. le rapporteur car les conclusions auxquelles il a abouti n'ont, je l'avoue, que de lointains rapports avec le département des affaires sociales dont j'assume la charge et celui des affaires étrangères dont j'assure l'intérim. Mais je ne veux pas que les membres de la commission et nos collègues intéressés A ce débat se soient dérangés en vain. M. Deixonne sait aussi que je m'efforce de répoûdre à chacune de ses questions, en regrettant de ne pas y réussir toujours parfaitement. En ce qni concerne l'école de Saint-Cyr, à ma connaissance, aucune demande d'affectation de terrains situés dans la larêl de Fontainebleau n'a été adressée jusqu'à ce jour par 1« ministre de la défense nationale, de sorte que la commission centrale de contrôle des opérations immobilières n'a jamais été saisie du projet auquel notre collègue a fait allusion. D'autre part, d'après les renseignements qui m'ont été communiqués, les indemnisations pour les terres de quatrièm« classe ont bien été effectuées au tarif uniforme de 110.000 francs l'hectare, outre l'indemnité de réemploiSi des différences ont été constatées, comme celles que M- Deixonne a citées dans son rapport, c'est en raison de la présence d'arbres fruitiers sur certaines de ces terres. Il apparaît que cette indemnisation s'est effectuée dans des conditions parfaitement légales et normales. C'est pourquoi je ïie puis absolument ças prendre l'engagement que ces opérations seront reconsidérées. 

M. le président. La parole est à M. le rapporteur. 

M. le rapporteur. Je ne chercherai pas querelle à M. le ministre parce que, dans ce débat pour lui improvisé, il est venu ici avec des documents émanant de la direction du budget, J'ai déjà répondu. Je pense que l'Assemblée est maintenant au courant des problèmes que pose la forêt de Fontainebleau. J'ai le ferme espoir que la proposition de résolution que nous présentons sera votée. Il va de soi qu'en ce cas, si le Gouvernement ne suivait pas les recommandations de l'Assemblée, chacun de nous aurait le droit, de l'.interpeller pour non exécution de ce qui serait le voeu de l'Assemblée nationale. 

M, le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...  La discussion générale est close.  Je consulte l'Assemblée sur le passage à la discussion de la proposition de résolution. (L'Assemblée, consultée, décide de passer à la discussion de la proposition de résolution.) 

M. le président. Je donne lecture de la proposition de résolution :  « L'Assemblée nationale invite le Gouvernement:  « 1° A proposer au Parlement le vote des crédits nécessaires à la reconstruction de l'école spéciale militaire;  « 2° A ne pas reconstruire cette école dans la forêt de Fontainebleau, qu'il convient de défendre activement contre les empiétements de toutes sortes qui ne cessent de porter atteinte à notre patrimoine touristique;  « 3° A rendre à l'administration des eaux et forêts tous les sites, tels le polygone-d'artillerie, le Montmorillon, qui ne sont pas absolument indispensables aux autorités militaires ;  « 4° A rechercher l'indemnisation équitable de tous les riverains du pipe-line Donges-Melun-Metz. » Personne ne demande la parole ?...  Je mets aux voix la proposition de résolution.  (La proposition de résolution, mise aux voix, est adoptée )  

Question parlementaire du 19 juillet 1967 : Expropriation des trois pignons

Assemblée nationale
JOAN p. 3127

2974. — 19 juillet 1967. — M. Bilbeau expose à M. Io Premier ministre (tourisme) que la décision d'achat du massif des Trois- Pignons a donné lieu à de nombreuses enquêtes et études. Notamment une enquête d'utilité publique a été faite au début de 1966, dont il semble cille les conclusions n'ont pas encore été publiées. Par ailleurs, le district de la région parisienne a donné un avis favorable au plan directeur d'urbanisme intercommunal n° 53 concernant le secteur ci-dessus visé.
Compte tenu de ce que deux mille petits propriétaires sont directement intéressés par cette acquisition des parcelles des Trois-Pignons et compte tenu de l 'importance de ce projet tendant à sauvegarder ce site, antenne Sud de la forêt domaniale de Fontainebleau, il lui demande quelles dispositions seront prises en vue de :
1° accélérer les procédures de la déclaration d'utilité publique ;
2° dédommager, à leur juste prix, les propriétaires des parcelles.
Par ailleurs, il lui demande de lui préciser dans quelles conditions :
1° seront expropriés les propriétaires actuels ;
2° a été utilisé, jusqu'à présent, le crédit voté à cet effet ;
3° sera géré, et par qui, ce site après achat par l'Etat.

Question parlementaire du 5 août 1961 : Autoroute du sud

Assemblée nationale
JOAN p. 2087

Question :
10547. —(Question du 10 juin 1961 .)
M. Niles expose à M. le ministre des travaux publics et des transports que son projet tendant à taire passer l'autoroute du Sud suivant un tracé qui coupe en deux le massif forestier de Fontainebleau dans la région dite des « Trois Pignons » porterait gravement atteinte à l'intégrité du massif, romprait l'équilibre biologique de la flore et de la faune ; qu'il a rencontré, à ce titre, l'opposition de savants, de campeurs, d'amis de la forêt ainsi que des services du ministère de l'agriculture et ceux des beaux-arts, qui ont présenté ou approuvé un contre-projet dont le tracé passerait à l'Ouest de Milly-la- Forêt.
Il lui demande :
1° quels sont les prix de revient comparés du projet du ministère des travaux publics et .du contreprojet des amis de la forêt, compte tenu des 'nombreux ouvrages d'art que nécessiterait le tracé du ministère des travaux publies;
2° quelles mesures sont prévues par le ministère des travaux publics pour éviter qu'un élargissement ultérieur de l'autoroute ne provoque des frais disproportionnés, notamment à l'endroit des ouvrages d'art ;
3° s'il est exact qu'une société d'économie mixte a procédé depuis plusieurs années à l'achat de nombreux terrains dans la région de Saint-Pierre-lès-Nemours, à proximité du tracé de l'autoroute déterminé par le ministère des travaux publics .

Réponse :
(5 août 1961)
1° Le coût de construction de la section Corbeil-Essonnes-Nemours de l'autoroute Paris-Lyon est de l'ordre de 115.000 .000 de nouveaux francs. Le tracé proposé par les Amis de la Forêt, plus long de 8 kilomètres bien que se développant dans une région moins accidentée, aurait entraîné un accroissement de dépenses de plus de 15 .000 .000 de nouveaux francs, auquel il faudrait ajouter un supplément de dépenses résultant de l'augmentation de la longueur de la bretelle de liaison vers Fontainebleau ;
2° l'acquisition des emprises de l'autoroute a été réalisée en prévision d'un élargissement ultérieur de la plateforme ; les ouvrages d'art seront construits avec une ouverture permettant le passage de deux chaussées à trois voies de circulation ;
3° la question posée par l'honorable parlementaire n'est pas du ressort du ministère des travaux publics.

Assemblée nationale : séance du 27 novembre 1963

Assemblée nationale
JOAN p. 7469
Séance du 27 novembre 1963

M. le président. La parole est à M. Becker. (Applaudissements sur les bancs de l'U . N. R : U . D. T .)

M. Georges Becker. Mesdames, messieurs, tous les Français qui réfléchissent peuvent se réjouir aujourd'hui en voyant que l'aménagement du territoire sort enfin des limbes de la littérature et de l'art oratoire pour entrer dans la réalité. Si nous y regardons de plus près, nous imaginons facilement ce que sera cette réalité. Elle va se concrétiser par l'implantation d'usines nouvelles, par la création d'autoroutes, de canaux, de toutes sortes d'ouvrages d'art et, à proprement parler, d'aménagements qui risquent fort de changer le visage du sol de la France. Or, si l'on peut se réjouir d'une telle éventualité, il est permis également d'éprouver quelques craintes quand on considère ce qui s'est fait jusqu'à présent . Car, en fait d'aménagements, nous avons vu très souvent que des atteintes monstrueuses ont été portées à la nature même de notre sol.

Il est facile d'en citer des exemples qu'on pourrait qualifier de sanglants.
Je pense au viol de la forêt de Fontainebleau, irréversible, et dont on ne pourra se consoler, réalisé tout simplement pour faire gagner six minutes aux Parisiens qui voudront aller manger une friture le dimanche, alors qu'on aurait pu sans difficulté contourner la forêt dont l'unité est désormais détruite par l'autoroute. Mais les ingénieurs en ont décidé autrement et n'ont rien voulu entendre