Terre à terre : Des forêts épuisables

FRANCE CULTURE / Terre à terre

Extractivisme 3/3
La forêt qui cache la déforestation

13.02.2016  53 min
Les dangers de l'exploitation forestière industrielle comme solution au changement climatique et à la crise énergétique, or il est urgent de promouvoir une autre approche de la forêt.

Inépuisables, nos forêts ? Voire ! L’appétit des industriels sur cette ressource « verte » l’est, lui. Quant aux forestiers, ils sont au bord de l’épuisement.Avec : Frédéric Bedel, ingénieur ONF, du syndicat SNUPFEN


Extraits 

- les arbres âgés et le CO²






Promotion d'une initiative pour la propreté forestière

Tous les mois, ils se mobilisent en forêt pour ramasser les déchets "égarés" par d'autres citoyens

Facebook est un réseau social qui permet aux gens de se retrouver et de partager des informations ou bonnes idées. C'est sur ce principe qu'est né un groupe : "Une petite marche pour une grande démarche". Le rôle de ses membres est de se retrouver une fois par mois pour ramasser les déchets en Forêt de Fontainebleau (77) ou ailleurs. Ils ne sont ni auto-entrepreneurs, ni associés, ni syndicalisés, simplement de simples citoyens amoureux de leur région. 

En effet, nous constatons tous un nombre croissant de déchets en bord de route et les collectivités ne pourrons jamais être suffisamment armées pour enrayer ce fléau. Cette action permet également de rencontrer les acteurs locaux et de sensibiliser les plus jeunes au principe de ne pas jeter n'importe où ses déchets.

8 opérations ont eu lieu en 2015, la session du 17 Janvier 2016 a vu une centaine de personnes se mobiliser entre Bois-le-Roi, Samois, Fontaine-Le-Port, Fontainebleau, Chailly en Bière, Soisy sur Ecole pour récolter environ 800kg de déchets en 2 heures de temps.

Vous pouvez vous inscrire au groupe "Une petite marche pour une grande démarche" à l'adresse suivante pour pouvoir vous tenir au courant des prochains événements dans la région : https://www.facebook.com/groups/624492247651915

Le prochain a lieu le Dimanche 14 Février à 14h30 au départ des Gorges de Franchard, d'Apremont et du Carrefour de la Table du Roi entre La Rochette et Bois-le-Roi.

Suite de la COP21 : extraits de l'accord de Paris concernant les forêts

Convention-cadre sur les changements climatiques

Conférence des Parties
Vingt et unième session
Paris, 30 novembre-11 décembre 2015
Point 4 b) de l’ordre du jour
Plateforme de Durban pour une action renforcée (décision 1/CP.17)
Adoption d’un protocole, d’un autre instrument juridique
ou d’un texte convenu d’un commun accord ayant force juridique,
élaboré au titre de la Convention et applicable à toutes les Parties

Adoption de l’Accord de Paris

Proposition du Président
Projet de décision -/CP.21

FCCC/CP/2015/L.9/Rev.1

55. Reconnaît l’importance de ressources financières adéquates et prévisibles, y compris des paiements liés à des résultats, s’il y a lieu, aux fins de la mise en œuvre de démarches générales et d’incitations positives visant à réduire les émissions imputables au déboisement et à la dégradation des forêts, du rôle de la conservation et de la gestion durable des forêts et du renforcement des stocks de carbone forestiers, ainsi que d’autres modes d’action, tels que des démarches communes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale et durable des forêts, tout en réaffirmant l’importance des avantages non liés au carbone qui sont associés à de telles démarches, et en encourageant la coordination de l’appui provenant, entre autres, de sources publiques et privées, bilatérales et multilatérales, telles que le Fonds vert pour le climat et d’autres sources, en application des décisions pertinentes de la Conférence des Parties;

Annexe
Accord de Paris

Article 5

1. Les Parties devraient prendre des mesures pour conserver et, le cas échéant, renforcer les puits et réservoirs de gaz à effet de serre comme le prévoit l’alinéa d) du paragraphe 1 de l’article 4 de la Convention, notamment les forêts.

2. Les Parties sont invitées à prendre des mesures pour appliquer et étayer, notamment par des versements liés aux résultats, le cadre existant défini dans les directives et les décisions pertinentes déjà adoptées en vertu de la Convention pour : les démarches générales et les mesures d’incitation positive concernant les activités liées à la réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts, et le rôle de la conservation, de la gestion durable des forêts et de l’accroissement des stocks de carbone forestiers dans les pays en développement; et d’autres démarches générales, notamment des démarches conjointes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale et durable des forêts, tout en réaffirmant qu’il importe de promouvoir, selon qu’il convient, les avantages non liés au carbone associés à de telles démarches.

  

RECOMMANDATIONS PANEUROPEENNES POUR UNE GESTION FORESTIERE DURABLE AU NIVEAU OPERATIONNEL

TROISIEME CONFERENCE MINISTERIELLE 
POUR LA PROTECTION DES FORETS EN EUROPE 

RECOMMANDATIONS PANEUROPEENNES POUR UNE GESTION FORESTIERE DURABLE AU NIVEAU OPERATIONNEL

Adopté au niveau des experts à la Cinquième réunion préparatoire de la Conférence de Lisbonne, à Genève, les 27,28 et 29 avril 1998


4.2. Recommandations pour les pratiques de gestion forestière

a. La régénération naturelle devrait être préférée sous réserve que les conditions soient adéquates pour assurer la quantité et la qualité des ressources forestières et que la provenance actuelle soit d'une qualité suffisante pour le site.

b. Pour le reboisement et le boisement, les origines des essences autochtones et provenances locales qui sont bien adaptées aux conditions des sites devraient être préférées lorsqu'elles sont appropriées. Il ne conviendrait d'utiliser des essences, provenances ou variétés importées que si leur impact sur l'écosystème et l'intégrité génétique des essences autochtones et provenances locales a été évalué; s'il est négatif, il devrait être évité ou minimisé.

c. Là où cela se justifie, les pratiques forestières devraient promouvoir la diversité des structures tant verticales qu'horizontales, telles que peuplements d'âge inégal et diversité des essences tels les peuplements mixtes. De même, les pratiques devraient avoir pour but de préserver et de restaurer la diversité du paysage.

d. Les systèmes de gestion traditionnels qui ont créé des écosystèmes intéressants, tels que taillis sur des sites appropriés, devraient être encouragés lorsque cela est économiquement faisable.

e. Les opérations d'entretien et d'exploitation devraient être réalisées d'une manière telle qu'elles n'occasionnent aucun dommage aux écosystèmes. Lorsque cela est possible, des mesures pratiques devraient être adoptées pour améliorer ou préserver la diversité biologique.

f. Les infrastructures devraient être planifiées et créées de façon à minimiser les dégâts aux écosystèmes, en particulier les écosystèmes rares, sensibles ou représentatifs et les réserves génétiques, en tenant compte des espèces clés menacées ou autres - en particulier leurs pratiques migratoires.

g. Tenant dûment compte des objectifs de la gestion, des mesures devraient être adoptées pour équilibrer la pression des populations d'animaux et du pâturage sur la régénération et la croissance des forêts, ainsi que sur la biodiversité.

h. Le bois mort, sur pied ou sur parterre de coupe, les troncs creux, les vieux peuplements et les espèces rares devraient être laissés sur place, en quantité et selon la répartition qu'exige la sauvegarde de la diversité biologique, en tenant compte de leur incidence potentielle sur la santé et la stabilité des forêts et écosystèmes environnants.

i. Les biotopes clés spéciaux tels que sources, marécages, affleurements rocheux et ravins devraient être protégés en forêt ou, le cas échéant, restaurés lorsqu'ils ont été endommagés par des pratiques forestières.

Communiqué de presse du 23 oct. 14 : Quel statut pour la Forêt de Fontainebleau ?

Société de Sauvegarde de la Forêt de Fontainebleau et de la Vallée de la Seine
Association loi 1901 RNA n° W774005423 JORF du 15 février 2014 p. 749
24 bd Thiers 77300 Fontainebleau    secretariat.SSFFVS@gmail.com    foret-de-fontainebleau.blogspot.com

COMMUNIQUE DE PRESSE
"Quel statut pour la Forêt de Fontainebleau ?"

Fontainebleau, le 23 octobre 2014.

A la suite à l'article de la République du 20 octobre 2014 : "Faute de parc national, la forêt de Fontainebleau pourrait se consoler avec l'Unesco", nous tenons vous communiquer notre réaction et nos commentaires.

Classement au patrimoine mondial :
prestigieux mais pas suffisant

Le classement en patrimoine mondial de l'UNESCO est un label prestigieux que Fontainebleau pourrait s'enorgueillir d'avoir.
Mais il n'est en rien une solution au problème actuel de la forêt qu'est la surexploitation et la méthode de gestion qu'est la coupe rase.

La Société de Sauvegarde de la Forêt de Fontainebleau rappelle que la Forêt a accumulé des statuts nombreux : site classé (1965), Réserve de Biosphère, déjà de l'UNESCO (1998), Forêt de protection (2002), Natura 2000 (2004), Forêt Patrimoine (2008), Forêt d'exception (2013). Certains statuts ne sont que des labels, les autres sont des protections foncières, seul Natura 2000 pourrait avoir un impact sur le sujet. Mais il est bien clair qu'aucun de ces statuts n'a résolu le problème des coupes à blanc étoc. Au mieux, ils ont égaré le débat.

Le président de la Société, le Pr. Olivier Tournafond, qui a été membre du Comité scientifique du Comité de pilotage du projet de Parc National soutient la démarche du Maire de Fontainebleau vis à vis de l'UNESCO, mais demande d'aller plus loin.

Faire cesser les coupes rases durablement

Sur la question du parc national, la Société de sauvegarde de la Forêt de Fontainebleau ne partage en rien l'opinion des "Amis de la Forêt". Depuis la réforme du statut de 1960 des parcs nationaux qui a été effectuée par la loi de 2006, il n'y a pas lieu de fermer des routes ou encore de créer de nouvelles réserves. De même, les contraintes que les AFF font valoir ne correspondent plus à l'état de la législation. Le rapport du Comité scientifique du projet de parc national a établi sans aucune réserve que les soi-disantes contraintes étaient un faux problème.

La Société de sauvegarde rappelle, comme le comité scientifique, que le Parc national doit être une contrainte pour le gestionnaire forestier et non pour les usagers. Sa position officielle est la suivante : elle réclame un statut portant sur  nécessités de conservation du site et de la nature, dans le respect des infrastructures de transport vitales existantes. Ce statut ne doit entraîner aucune contrainte nouvelle pour le public et les visiteurs : on respectera les usages traditionnellement pratiqués dans le massif.

Par ailleurs, il existe d'autres méthodes de gestion, comme la futaie irrégulière ou jardinée, qui permettent de conserver une fonction économique en nuisant moins aux fonctions écologiques, esthétiques et sociales de la forêt.


On est loin de la mise sous cloche annoncée, mais il faut poser vraiment le problème de la gestion forestière, plutôt que détourner le débat. La désinformation continuellement entretenue sur le sujet a malheureusement empêché d'adopter les solutions qui auraient réglé la question.

Malaise à l'ONF sur les méthodes de coupes

Un rapport commandé par l'ONF en 2012 montre un malaise sur les méthodes de coupes.

En voici les extraits pertinents.


OFFICE NATIONAL DES FORETS - CAPITAL SANTE - 22 mai 2012

Extraits pertinents

SYNTHESE DE L’AUDIT-DIAGNOSTIC
SOCIO-ORGANISATIONNEL REALISE DE
JANVIER A AVRIL 2012

2.2 Principales causes du malaise social ressenti par les personnels ressorties au cours de
l’audit

Le malaise social actuel puise sa source des principales problématiques suivantes :
• Une évolution de l’ONF perçue comme principalement dictée par les réductions d’effectifs
• Des réductions d’effectifs qui s’accompagnent d’une augmentation importante de la charge de travail
• Une évolution de l’ONF perçue comme induisant l’abandon progressif et « silencieux » de certaines
missions de service public
• Une large majorité du corps social aujourd’hui en opposition marquée avec la politique de coupe de bois et son impact présumé sur le patrimoine forestier
• Une opposition qui a pour conséquence un tiraillement éthique pour plusieurs catégories de personnels
• Des populations ouvrières dans une position difficile

Une large majorité du corps social en opposition marquée avec la politique de coupe de bois 

La politique de coupe de bois apparaît comme fortement contestée par la plupart des collaborateurs ONF rencontrées sur le terrain et en agence. Le sentiment que la logique de vente de bois à court terme – dictée par la nécessité d’atteindre des objectifs économiques - s’impose aujourd’hui face à celle de gestion durable de la forêt (qui, elle, se conçoit nécessairement à moyen ou long terme) est fortement répandu. Il s’appuie sur de nombreux exemples donnant l’impression que les activités économiques ont pris le pas, dans les discours et dans les actes, sur les activités non rentables on non facturables ; Le fait que des décisions de coupes de bois puissent « prendre des libertés » par rapport à un plan d’aménagement défini pour les 15 années à venir constitue un exemple emblématique de décision prise, selon les collaborateurs, au seul critère de la dimension économique. Certaines décisions jugées non respectueuses des normes sylvicoles (comme les règles de peuplement) sont également perçues comme étant dictées par les mêmes impératifs. Le discours managérial semble également renforcer le sentiment que les prestations facturables sont systématiquement à privilégier dans l’activité des agents patrimoniaux. La logique commerciale s’impose dans l’activité courante quand un directeur d’agence demande à un agent patrimonial de ne pas verbaliser un exploitant pour maintenir de bonnes relations avec ce dernier. Certaines prestations aux communes sont désormais facturées (comme par exemple les sorties de classe en nature). Et de fait, les objectifs de vente de bois ont induit une augmentation de l’activité de martelage et des autres activités bois. 

Le sentiment que le patrimoine forestier est menacé 

Ce sentiment est là aussi largement partagé au sein des agences et omniprésent chez les agents patrimoniaux et les ouvriers forestiers. Le sentiment que l’ «on coupe trop » revient dans de nombreuses bouches et traduit l’impression que le capital forestier serait en train d’être dilapidé. D’après les réponses au questionnaire de l’ASO, 60% des collaborateurs estiment que «l’ONF ne porte pas une attention suffisante à la gestion durable du patrimoine forestier ». Cette situation, en partie alimentée par la politique de coupe de bois, s’ancre également dans les évolutions récentes aux répercussions très concrètes : par manque de temps, les agents patrimoniaux ne peuvent plus contrôler les coupes des exploitants (« à quoi bon marteler si on ne peut pas contrôler les coupes après ? »). Le non-remplacement des agents patrimoniaux sur certains triages et l’augmentation de la taille de ces derniers induisent également une perte de connaissance du terrain et de finesse dans la gestion de la forêt. Il semble également que la vision globale de la forêt – nécessaire à la prise des décisions adéquates sur le triage qui ne peut être abordé que comme un » système » complexe - soit en train de disparaître au niveau de l’agence, en partie du fait du fonctionnement très cloisonné des différents services (voir plus loin). D’autres faits sont également relevés et traduisent le malaise ressenti : une mission de biodiversité affichée mais dont les normes sont difficiles à faire appliquer sur le terrain ; des agents patrimoniaux qui estiment que plus personne ne s’inquiète de ce qui est fait sur le terrain (« seuls les chiffres de coupe sont contrôlés ») auxquels s’ajoutent des altercations et une agressivité croissante dans les relations avec le public, choqué par des coupes ou des ventes de bois (au bord de la route) désormais plus visibles ; des influences politiques locales (un élu local qui intervient auprès de la direction de l’ONF pour faire stopper des coupes) ou la constitution de chaines humaines par des associations désireuses d’empêcher des travaux, sont des exemples marquants qui questionnent et affectent les personnels ONF. 

Le tiraillement éthique pour plusieurs catégories de collaborateurs 

L’ASO révèle que 59% des personnes interrogées – toutes catégories confondues - déclarent vivre un désaccord entre leurs valeurs et celles de l’Office. Ce conflit de valeur est vivement ressenti par les personnels de terrain (agents patrimoniaux en tête). Il a pour conséquence chez nombre d’entre eux une forme de nécessité morale de «devoir protéger la forêt contre l’ONF ». Cette prise de position assumée induit une souffrance éthique et se traduit par des comportements de résistance à l’encontre de l’organisation et des décisions jugées contraires à l’intérêt de la forêt. Le sentiment d’une perte progressive des valeurs forestières est fortement exprimé, alors que ces mêmes valeurs revêtent à l’ONF une dimension identitaire extrêmement forte car au coeur des missions et des métiers. Enfin, 58% des personnes déclarent « un écart entre la qualité du travail qu’ils font et celle qu’ils aimeraient faire », cette qualité empêchée représentant pour de nombreux métiers une réalité difficile à vivre. 

CONFÉRENCE du 27 septembre 2014 : Le problème de la gestion forestière en France


CONFÉRENCE

Le problème de la gestion forestière en France
L’exemple de la forêt de Fontainebleau
Samedi 27 septembre 2014 à 20h30
Mille Clubs - Impasse des Pincevents
77000 La Rochette

Conférenciers :
Olivier Tournafond et Guillaume Bricker

Entrée libre