Question parlementaire du 9 décembre 1991 : Forêt de Fontainebleau. protection

ASSEMBLEE NATIONALE - 9ème législature
Question N° : 43549 de M. Delehedde André ( Socialiste - Pas-de-Calais ) QE
Ministère interrogé : agriculture et forêt
Ministère attributaire : agriculture et forêt
Rubrique : Bois et forets
Tête d'analyse : Politique forestiere : Seine-et-Marne
Analyse : Foret de Fontainebleau. protection

Question publiée au JO le : 03/06/1991 page : 2122

Texte de la QUESTION : M Andre Delehedde appelle l'attention de M le ministre de l'agriculture et de la foret sur la foret de Fontainebleau qui, sous l'effet du plan d'aménagement de l'ONF, subit une véritable destruction de la plupart des écosystèmes. Les techniques utilisées dans un but de rentabilité saccagent cette foret qui est une des plus riches et variées d'Europe occidentale : quatre-vingt-sept parcelles traitées en coupe rase ont été dénombrées jusqu'en 1989. L'utilisation d'insecticides, d'herbicides et de fongicides détruit la flore et la microfaune dans et autour des zones traitées. L'uniformisation par essence et par tranches d'age entraine la disparition des vieux arbres et des essences dites « sans intérêt économique ». L'eclaircissement à outrance des parcelles naturelles assèche le sol, défigure le massif et le fragilise lors des fortes tempêtes. La faune régresse. Il lui demande les mesures qu'il entend prendre pour que cette foret classée « site remarquable de France » en 1965 puisse échapper a la catastrophe ecologique qui la menace.

Réponse publiée au JO le : 09/12/1991 page : 5043

Texte de la REPONSE : Reponse. - Les services de l'Office national des forets ont vu se developper, depuis 1988, des critiques dirigees contre leur gestion de ce massif domanial et, notamment, leur sylviculture, consideree comme exclusivement « commerciale ». Selon ces critiques, dans cette foret, seraient ignorees les directives nationales donnees par mes predecesseurs a l'Office national des forets et qui n'ont cesse d'affirmer que la gestion de la foret domaniale devait assurer la sauvegarde de toutes les potentialites et de toutes les richesses des milieux forestiers. L'examen des critiques, exprimées parfois de manière excessive, a montre qu'elles reposaient essentiellement sur des impressions visuelles et une connaissance insuffisante des réalités forestières. Pourtant, les forestiers n'ont pas ménage leurs efforts pour étendre le dialogue avec l'ensemble des partenaires intéressés, mais le climat passionnel qui entourait souvent ces débats a conduit le directeur général de l'Office national des forets a demander l'avis d'une commission regroupant, sous l'autorité du professeur Jean Dorst, quelques scientifiques, professeurs au Museum national d'histoire naturelle, reconnus pour leur compétence et leur impartialité. Le professeur Dorst lui a remis son avis le 3 avril 1990. Ce dernier relève une convergence d'objectifs entre le ministère de l'agriculture et de la foret et son gestionnaire et les associations regroupant les usagers de la foret. Il ne remet pas en cause, fondamentalement, la gestion du massif. Il propose quelques voies a explorer pour accroitre la diversité biologique de la foret et rendre sa gestion patrimoniale encore plus exemplaire. Des maintenant, un ensemble de décisions ont été prises dans le sens de ce rapport : d'une part, j'ai demande au préfet de Seine-et-Marne de constituer le dossier de classement en foret de protection du massif de Fontainebleau et de me soumettre, ainsi qu'au ministre de l'équipement, un projet d'instruction relative a la conception et a la gestion du réseau routier a l'intérieur et autour du massif forestier car le développement rapide de la circulation, notamment de poids lourds, est en passe de déstructurer ce massif forestier ; d'autre part, j'ai demande, dans le cadre d'une directive particulière approuvée le 21 mars 1991 et rédigée en tenant le plus grand compte du rapport Dorst, au directeur général de l'Office national des forets de me proposer une révision anticipée du document d'aménagement qui régit la gestion de la foret de Fontainebleau jusqu'en 2000. Pour tenir compte de l'évolution des demandes et des progrès des connaissances et des techniques, un nouvel aménagement prendra effet en 1995. Il sera appuyé sur des analyses approfondies auxquelles les spécialistes scientifiques compétents seront étroitement associes. Sans renoncer au rajeunissement indispensable de la foret, les traitements sylvicoles tiendront le plus grand compte des paysages qu'ils chercheront à préserver dans toute leur richesse et leur diversité ; en particulier, l'impact visuel des coupes de régénération sera limite. L'élaboration de cet aménagement constituera une excellente opportunité pour développer le dialogue entretenu tant par les services du ministère de l'agriculture et de la foret que par ceux de l'Office national des forets avec l'ensemble des partenaires et usagers intéresses par l'avenir de la foret domaniale de Fontainebleau, et, généralement du massif forestier.